Chapitre 3 : Boutures et haies bocagères
Nous abordons un sujet plus ciblé aujourd’hui dans la troisième partie de notre dossier sur la Pépinière Run for the Planet en France.
En effet, nous souhaitions vous en dire plus sur la technique de bouturage et sur les haies bocagères, qui seront donc un des emplois possibles pour nos
arbres.
Réduites progressivement à un nombre minimal afin d'agrandir les surface exploitables pour l'agriculture, les haies bocagères ont pourtant une utilité majeure. Au delà d'une simple fonction de
barrière et de structuration naturelle des terres, elles contribuent aussi au maintien de la densité des sols via le réseau racinaire des arbres, et à conserver
une biodiversité dans ces zones.
Bouturage et haies bocagères : définitions
Qu’est ce que le bouturage ?
Le bouturage consiste en la multiplication végétative d'un arbre via la formation d'un nouveau sujet issu d'une tige, dite rejeton.
Les premières années consistent au développement d’un nouveau réseau de racine, facilité grâce à la symbiose avec le champignon mycorhizien.
Les filaments formés par le champignon permettent à la souche d’obtenir des nutriments plus profondément situés et auxquels elle n’aurait pas accès.
Toutefois, les futures pousses ne portent pas encore de cônes ou d’épines (pour les conifères) ni de feuilles (pour les arbres feuillus).
Leur développement continue avec la phase foliaire.
Dans cette phase, les nouvelles branches, bien que minces et très fragiles, commencent à porter quelques petites feuilles.
Celles-ci resteront peu nombreuses, presque transparentes et sans structure.
Elles constituent un premier stade indispensable à la vie future de la forêt, à partir duquel l’arbre va croître de manière classique.
Qu’est ce qu’une haie bocagère ?
Haie bocagère → haie + “bocage” → haie sous forme de bosquet
Une haie bocagère est une rangée d'arbres plus ou moins espacés qui sert de barrière ou de limite entre deux zones de terrain.
Elles peuvent remplir diverses fonctions, telles que :
- servir de rempart contre le vent et la pluie, voire de coupe-feu
- contrôler l'érosion
- réduire la diffusion des pesticides pulvérisés
- améliorer l'habitat de la faune
- diviser les jardins et parcelles de terrains en sections
- masquer les vues peu attrayantes
- filtrer le bruit
Les principaux types de plantes utilisées globalement pour les haies sont souvent à feuilles caduques (par exemple le charme) ou à feuillage persistant
(l'if).
Dans notre pépinière, nous privilégierons les arbres pour constituer des haies d'arbustes. En outre, un chêne peut monter à 20 voire 40 mètres de haut à l'âge adulte. On aura plutôt tendance à privilégier des arbres qui prendront de faibles hauteurs, comme les charmes et autres noisetiers, qui produisent de véritables murs pour couper le son et la vue.
Bien que de nombreuses espèces forment des fourrés naturels si elles ne sont pas entretenues, la plupart des haies bocagères sont taillées chaque année afin d'empêcher la croissance du bois et de rendre la haie suffisamment dense.
Cela lui permet de remplir pleinement sa fonction de barrière.
La taille est généralement effectuée lorsque la plante est en dormance, c'est-à-dire en hiver, entre novembre et février.
Elle permet alors de récupérer du bois qui peut être transformé en copeaux pour le chauffage ou en paillages.
Toutefois, certaines haies bocagères demandent très peu d'entretien notamment lorsqu'elles sont constituées avec des variétés d'arbustes qui ne prendront pas trop d'ampleur.
Pourquoi des arbres destinés aux haies bocagères ?
La pépinière Run for the Planet
La haine bocagère est un des trois types d’arbres par destination de la pépinière Run for Planet.
Autrement dit, sur le terrain de la pépinière, nous allons prévoir des arbres qui seront ensuite donnés afin de contribuer ou de créer une haie bocagère.
On ne plante donc pas de boutures sur un terrain tiers. Mais il s’agit bien là de mettre en culture des boutures dans la pépinière.
Par la suite, ces arbres pourront contribuer à la stratégie de reboisement de collectivités, comme ce que l'on peut voir en Bretagne.
Bouturage, haie bocagère et... mycorhize ?
L'apport de la bouture
Le bouturage permet de prélever un fragment d’arbre préexistant sur un terrain afin de le dupliquer sous la forme d’un nouvel arbre.
Les boutures ne développent pas plus rapidement leur réseau de racines qu’avec un procédé standard type graines.
En revanche, l’arbre issu de la bouture, une fois qu’il a développé des racines, sera plus résistant car il dispose déjà de l’intégralité de la partie “aérienne”.
Nous choisissons de ne pas enrichir le sol de notre pépinière en champignons (sous forme de préparation) afin de faire travailler la nature, qui est, en toute logique, à l'origine de cette symbiose mycorhise-arbre.
L'apport du mycorhize
L’ajout d’une préparation avec champignon mycorhizien sera envisagée pour la transplantation des arbres après les 3 ans de pousse naturelle afin d'assurer la reprise dans le nouveau terrain.
Nous envisageons d'envoyer les baliveaux (jeunes arbres) en racines nues, et "pralinées" (de préparation) pour en faciliter la reprise.
Il est plus que probable qu'ajouter un substrat mycorizien permettra aux jeunes arbres de croitre rapidement et "sereinement".
La symbiose mycorizienne entre les racines des arbres et les champignons facilite la nutrition minérale de l'arbre et... sa communication avec ses congénères.
En 2024, nous testerons le bouturage directement sur les haies bocagères présentes sur notre terrain. Nous tirerons tous les enseignements utiles pour développer encore et encore la pépinière citoyenne Run for the Planet en France, à partir de ces premiers tests 2024.
D'autres fiches sur la Pépinière Run for the Planet en France :
Article rédigé par Flora, de l'équipe Run for the Planet
Pour la retrouver : linkedin.com
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Laure (mardi, 19 septembre 2023 18:12)
Encore un super article de Flora Della Maestra, pour l'association Run for Planet ! Merci Flora :-)